Six fois consécutivement vainqueur du classement général de la Coupe du monde IBU dans laquelle il totalise 70 victoires individuelles, propriétaire de 26 gros et petits globes de cristal (record), onze fois champion du monde, Martin Fourcade est déjà, en compagnie du légendaire Ole Einar Bjørndalen, le plus grand biathlète de l’histoire.

Mais après une série de 18 podiums consécutifs à cheval sur deux saisons, dont les 15 courses de Coupe du monde disputées avant les Jeux de PyeongChang, le champion français a déçu, samedi, dans le sprint à Alpensia. Auteur de trois fautes au premier tir couché, il a d’entrée perdu toute chance de médaille et terminé mécontent et frustré, au 8e rang, à 22 secondes du vainqueur allemand Arnd Peiffer. Soit, en guise de consolation, une bonne position pour jouer sa chance dans la poursuite. Et sa revanche a été éclatante.

Le Français, jamais aussi fort qu’après avoir connu une déception, n’a pas laissé passer l’occasion d’ajouter une nouvelle ligne à son immense palmarès. Le voici désormais l’égal de Killy, héros des Jeux de Grenoble 1968, qui, avec son triplé en ski alpin (descente, slalom et slalom géant), attendait depuis un demi-siècle qu’un autre Français veuille bien compiler l’or comme lui. Champion olympique de poursuite et de l’Individuelle à Sotchi en 2014, Fourcade a donc réussi son pari à la deuxième course de Pyeongchang 2018.

Le porte-drapeau de la délégation française compte désormais cinq médailles olympiques, puisqu’il a également conquis l’argent sur la mass-start des Jeux de Vancouver 2010 dans celle des Jeux 2014.

Dans cette poursuite, Martin Fourcade est vite remonté sur la tête de course. Il a commis une faute au premier tir couché mais ce sera la seule de la soirée. Ainsi, après un sans faute au 3e tir (debout), il est reparti avec près de 40 secondes d’avance sur ses plus proches poursuivants, pouvant se permettre une erreur à l’ultime passage au stand. Il ne l’a pas commise et a pu brandir le poing vers les entraîneurs et l’encadrement français qui se congratulaient.

Il a pu ainsi se saisir d’un drapeau tricolore dans les derniers mètres. Le surprenant junior suédois Sebastian Samuelsson et l’Allemand Benedikt Doll, tous deux auteurs d’un seule faute, ont respectivement terminé en argent et en bronze à 12 secondes; Plus impressionnant encore, le 4e, le Norvégien Tarjei Boe, est relégué à plus d’une minute, un gouffre. Avec une seule faute au tir, c’est le trio le plus précis face aux cibles qui a phagocyté le podium.

UN DOUBLÉ INÉDIT CHEZ LES FEMMES AUX JEUX D’HIVER

Auteure d’une extraordinaire saison 2016-2017, avec un record de 5 médailles d’or et une en  argent aux championnats du monde de Hochfilzen (Autriche), et en Coupe du monde, 10 victoires dans toutes les épreuves pour enlever le gros globe de cristal, Laura Dahlmeier s’annonçait comme une star des Jeux de PyeongChang, surtout en considérant qu’elle avait magistralement gagné le sprint et la poursuite lors de l’étape pré-olympique disputée en mars à Alpensia.

Malade au début de l’hiver olympique, la championne de Garmisch-Partenkirchen avait commencé doucement sa saison, laissant la Slovaque Anastasia Kuzmina et la Finlandaise Kaisa Mäkäräinen se battre en tête du classement général de la Coupe du monde. Mais les Jeux sont arrivés, et Laura Dahlmeier reprend un rythme royal qui pourrait bien la voir briller aussi dans les quatre épreuves restant au programme.

En attendant, elle réalise ce que seul le légendaire norvégien Ole Einar Bjørndalen avait réussi, à Salt Lake City en 2002, mais qui n’avait jamais été réalisé chez les femmes. Victoire dans le sprint, victoire dans la poursuite ! Sa compatriote Kati Wilhelm avait elle aussi gagné les deux épreuves, mais pas dans les même Jeux (sprint en 2002, poursuite en 2006).

Lundi, sa victoire prend une tournure définitive après le troisième passage au stand, le premier tir debout. Partie en tête avec 24 secondes d’avance et auteure d’une faute au 2e tir couché, elle est rejointe à mi-course par la Slovaque Anastasia Kuzmina, partie du 13e rang avec 54 secondes de retard. Mais cette dernière craque avec deux erreurs, et Laura Dahlmeier s’en va seule vers un succès imparable, parachevé au dernier tir avec un nouveau sans-faute, et un beau sourire en remettant son fusil dans son dos. Dans la ligne droite d’arrivée, elle aura le temps d’attraper un drapeau allemand et d’attendre de voir qui montera sur le podium avec elle.

Avec une seule faute au 3e tir, la Française Anaïs Bescond, 19e après le sprint, revient dans les skis d’Anastasia Kuzmina, et tout se joue au sprint. Kuzmina (4 fautes en tout) prend le meilleur pour 2/10e de de seconde, et remporte une troisième médaille olympique après l’or en sprint en 2010 et en 2014. Anaïs Bescond, pour sa part, ouvre le compteur de l’équipe de France en biathlon à PyeongChang 2018.

(Photo www.olympic.org/Getty)

Article précédentL’argent pour Jenny Warling à Guadalajara
Article suivantPyeongChang (4): Une première pour Marcel Hirscher